L’approche Reichienne de la Somatisation
Vous allez pouvoir constater dans cet article que l’approche somatique de Reich se distingue en deux niveaux de profondeur. La première et la plus profonde est l’impact au niveau caractériel (psychologique), la seconde au niveau musculaire (corporel). Cela vous permettra de faire le lien entre les interactions de votre corps et votre esprit et d’y trouver des pistes de réflexions sur les implications de ce lien.
La cuirasse caractérielle
Wilhelm Reich fut le premier, dans les années 1930, à introduire le concept d'« inconscient corporel » et tenter d'identifier les traces physiques des douleurs psychiques. Les contractions musculaires engendrées par nos émotions, disait-il, mènent à la formation d'une « armure caractérielle » qui a pour but de nous préserver de la souffrance, mais qui a aussi comme conséquence d'empêcher la circulation de l'énergie.
Des attitudes de défense
la cuirasse caractérielle est la globalité des attitudes caractérielles qu'un individu développe comme défense contre les excitations émotionnelles, en présentant une rigidité caractérielle, un manque de contact, une attitude "mortifère". La cuirasse caractérielle possède une identité fonctionnelle avec la cuirasse musculaire.
Aux « paralysés affectifs », il écrira à la fin de sa vie : « Tu ne sais que ramasser et prendre, tu ne sais ni céder, ni donner, car l'attitude fondamentale de ton corps est celle de la retenue, du refus et du dépit ; tu es saisi de panique quand tu sens le mouvement original de l'Amour et du Don de soi ».
Une protection
Tous les humains vivent le conflit, le manque d'affection, l'incompréhension, la manipulation et les autres situations difficiles inhérentes aux relations inter- personnelles. L'enfant se protège de ces expériences douloureuses grâce à des mécanismes psychologiques comme le déni, l'oubli, la déconnexion, et a des mécanismes physiologiques comme la contraction des muscles limitant la mobilité des articulations, le blocage de l'expression émotionnelle (cris, pleurs, rage) .
La dialectique de la cuirasse caractérielle rigide est la suivante :
- Le jeu institué en règle
- La rigidité comme contraction énergétique,
- L'expansion comme angoisse pire que l'angoisse, qui est une contraction.
Exemple de construction d’une cuirasse caractérielle :
(parmi bien d’autres)
1) Au début, l'enfant peut faire circuler cette énergie librement,
2) Puis sa mère (le plus probablement) s'immisce dans toutes ses actions et lui fait ressentir de l'étouffement.
3) Pour se protéger de cette intrusion dans son indépendance, il commence par se rebeller et déclenche des manifestations violentes et hostiles vis-à-vis de ses parents.
4) Cette réaction est très mal perçue de l'environnement qui renforce la pression et peut exercer un chantage affectif.
5) Le sujet se retrouve avec l'impression que s'il manifeste son mécontentement d'être étouffé et dirigé, il sera privé d'amour, d’attention, et il encourra un risque de castration. Il développe culpabilité et angoisse.
6) Il instaure donc un masque de gentillesse et de prévenance, de petit enfant modèle, sous lequel couve une agressivité et une haine farouche, prête à exploser.
7) Ce masque est un blindage de chair et de muscles, l'enfant est dés-lors passif et soumis, et développe un complexe énergétique d'autocontrôle et d'auto- visualisation pour s'assurer que son comportement est parfait et digne d'amour.
8) Cette projection, au fil du temps, ne se fait pas seulement sur les parents mais aussi sur les amis, les supérieurs et surtout, les personnes du sexe opposé…
9) Il y a alors scission entre la réalité du masque « gentil avec tout le monde » et le refoulé -violence et fantasme de destruction du milieu extérieur.
Comme une stratification
En résumé, on peut dire que la cuirasse caractérielle est la stratification, une sorte d'enkystement, de toutes les expériences passées, de toutes les forces de défenses mises en place par le sujet. C'est la forteresse derrière laquelle chacun se retranche pour organiser ses résistances. Tout se passe comme si les expériences infantiles les refoulements et les charges énergétiques qui leur sont liés formaient des dépôts dans l'être, l'entraînaient à réagir toujours de la même manière, lui interdisaient toute initiative. Il s’agit donc de trouver une approche corporelle comme moyen de dépasser ces schémas répétitifs inscrits dans le corps. Il en existe plusieurs dont une qui permet un travail sur la cuirasse musculaire.
POURQUOI UNE APPROCHE CORPORELLE DU BIEN-ÊTRE ?
La cuirasse musculaire
La cuirasse musculaire est liée à un fonctionnement énergétique, lui même lié à un trait caractériel. C'est la cristallisation des mécanismes psychiques dans des tensions corporelles figées, cuirasse qui, une fois formée, ne peut pas être atteinte par une approche purement psychologique et verbale.
Les constats de Reich sont les suivants :
1. Le corps a une mémoire qui retient sous forme de tensions, maladies, postures, des émotions et des traumatismes non-résolus. Ceux-ci sont encapsulés dans un ensemble de contradictions musculaires, chroniques, développées pour survivre et qui sont l'inscription dans le corps des mécanismes psychologiques.
2. L'énergie sexuelle et l'énergie psychique circulent dans le corps de façon ondulatoire : l'impulsion vient du bassin et se répercute jusqu'à la tête.
3. La circulation de cette énergie et, par le fait même, la sensation, l'émotion, la respiration et la vitalité seront contraintes par les tensions musculaires installées sur ce parcours central.
4. Cet état empêche l'abandon à l'orgasme, mais également à toute autre expérience : s'investir dans son travail, écouter de la musique, regarder une oeuvre d'art, être dans une relation d'intimité avec quelqu'un d'autre, jouer, etc.
5. Les tensions musculaires sont installées en sept segments qui regroupent des muscles particuliers attachés sur le devant, les côtés et l'arrière du corps et forment ainsi sept anneaux (oculaire, buccal, cervical, thoracique, diaphragmatique, abdominal et pelvien). Quand les contractions sont fréquemment répétées (un réflexe programmé), elles deviennent chroniques et s'inscrivent profondément dans l'attitude du corps.
Manifestations
La globalité des attitudes musculaires se manifestant par des spasmes musculaires chroniques (notamment arrêt de la respiration) sollicités lors d'un mouvement émotionnel trop intense (respirez ! ) qu'un individu développe comme un bloc contre la découverte sensationnelle des affects et des sensations d'organe, apparaissant en particulier sous forme d'angoisse, de rage et d'excitation sexuelle.
Symptômes biopathiques
Inaptitude ou impuissance à l'orgasme (orgasme impotence) ou absence d'aptitude à l'orgasme… C'est aujourd'hui la caractéristique humaine la plus importante chez le commun des mortels, et - par l'accablement de l'énergie biologique (orgone) à l'intérieur de l'organisme cela devient la source d'énergie de toutes sortes de névroses et de symptômes biopathiques.
Et la respiration
Ainsi la dissolution des tensions musculaires qui sont la partie somatique du refoulement, est pour Reich la garantie de libérer une des trois excitations qu'il juge fondamentales : la sexualité, l'angoisse et la colère. Elle permet aussi l'émergence de flux végétatifs, ainsi que des souvenirs liés aux évènements traumatisants. Il mettra enfin en évidence que "l'inhibition de la respiration est le mécanisme fondamental de la névrose en général".
Conclusion
La perception de la fonction du vivant et de ses manifestations bioénergétiques est déséquilibrée dans l’animal humain par l’existence d’une cuirasse caractéro-musculaire, fruit de la nécessité de défense de l’organisme face à l’agression de l’extérieur. Un simple travail sur soi par le biais d’une approche corporelle comme, les messages, la relaxation, la bioénergie, la somato-thérapie,…,permet de lever ces tensions et de libérer en soi cette énergie émotionnelle, et se sentir bien à nouveau.
Cela aura un effet bénéfique à la fois sur la cuirasse musculaire mais de fait, aussi sur la cuirasse caractérielle ; vous permettant de profonds changements positifs dans votre vie. En vous libérant d’une partie de vos mécanismes de défense et de vos tensions, vous parviendraient à ce que votre esprit, votre corps et vos émotions ne fassent plus qu’un.
Didier Friederich
Psycho-somatothérapeute